Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/547

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me semble difficile de vous faire parier davantage. » Bède répondit « Je le puis encore ; prends ta plume, taille-la, et écris promptement. » Et l’autre obéit. A l’heure de none, il envoya chercher les prêtres du monastère, et leur distribua quelques objets du prix, de l’encens, des épices, qu’il avait dans sa cassette, et il leur fit ses adieux, suppliant chacun d’eux de prier pour lui. Il passa ainsi le dernier jour jusqu’au soir. Et le disciple dont j’ai parlé lui dit encore: « Mon maître bien-aimé, il reste un verset qui n’est point écrit. Écris-le donc promptement, » répondit-il. Et le jeune homme ayant fini en quelques minutes, s’écria: « Tout est consommé. » Et lui: «Tu l’as dit, répliqua-t-il, tout est consommé. Prends ma tête dans tes mains, et tourne-moi car j’ai beaucoup de consolation à me tourner vers le lieu saint où je priais » Et, ainsi posé sur le pavé de sa cellule, il se mit à dire: Gloria Patri, avec ce qui suit ; et, comme il achevait, il rendit le dernier soupir[1]. »

  1. Sur Benoît Biscop, ses voyages et ses fondations, V. Bède, Vita abbatum Wiremuthensium. Idem, Homilia in natal.Benedicti Wright, Biographia, anglo saxon period., p. 185. On ne sait de Bède que le peu qu’il apprend de lui dans ses écrits, surtout dans l'épilogue de son Histoire ecclésiastique, et ce que son disciple Cuthbert a rapporté de sa mort ; mais la croyance populaire y a beaucoup ajoute. Parmi les traditions qui se rattachaient au grand nom de Bède, je remarque la suivante, où l’on voit que la Scinderatio phonorum n’était pas moins en faveur dans les écoles d’Angleterre que dans celle de Toulouse. On disait que Bède avait visité Rome, et que sur une porte il avait lu l’inscription