Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/395

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profond, y trouve un monastère, où il jeûne durant neuf mois, et s’engage enfin dans la ténébreuse ouverture qui mène à l’autre monde. La commence le purgatoire, puis l’enfer avec un nombre infini, de supplices : Guérin traverse ces lieux de douleur, il arrive enfin au paradis terrestre, garde par Enoch et Élie : debout sur le seuil infranchissable, il voit passer « l’empereur du ciel, entouré du chœur des anges, légions humbles et fidèles. » La vision s’évanouit, et le bon chevalier se retrouve à la porte du monastère[1]. Mais du moins le preux compagnon de Charlemagne a quelque droit aux communication divines : il est chrétien, il est armé pour le service de l’Eglise et la confusion des mecréants. Alexandre, au contraire, je veux dire celui des romans, ne songe qu’à sa gloire ; et, maître de la terre, il veut forcer le paradis et tirer tribut du peuple des anges[2]. Il traverse les plaines brûlantes de l’Asie au milieu des terreurs de l’enfer, au

  1. Ferrario, Antiqui romanzi di cavalleria t. III. Nous reconnaissons bien, avec Bottari, que le roman italien de Meschino, dans sa première forme, est postérieur la Divine Comédie ; mais la rédaction française remonte sans doute bien plus haut.
  2. Gervinus, Geschichte der deutchen Poesie, t. I, p. 221. Rosenkrantz, Geschichte der deutchen Poesie in dem Mittellater, , p. 366. J’ai suivi l’ordre du poème allemand de Lampreclit. On trouve dans la même langue l’ Alexandre de Rodolphe de Montfort, celui d’Ulrich d’Eschembach, ceux de Berchthold, de Biterolf, etc.. Il est inutile de citer les poèmes français bien plus connus de Benoit de Saint-More, Alexandre de Bernay, etc. Par une complication semblable, le souvenir des voyages de saint Brendan se retrouve dans le poème de Lohengrin.