manque-t-il au siècle présent pour en faire un grand siècle, que de discipliner tant de talents incontestables ? Jamais peut-être n’exista-t-il plus d’inspirations généreuses, plus de nobles ambitions et d’honorables désirs. Et jamais plus d’efforts perdus, de velléités impuissantes et de caractères indécis. Cette éducation bienfaisante et sévère du Christianisme leur a manqué : la foi est surtout dans la volonté, et la volonté, c’est la plus grande moitié du génie.
L’orthodoxie est un bienfait ; mais le bienfait engage. C’est une loi, et par conséquent elle crée des obligations. Nous les considérerons dans le cercle restreint de notre vocation laïque, et dans ce que nos pères appelaient, plus modestement que nous, le métier des lettres. Nous y trouvons trois emplois entre lesquels nos heures se partagent : l’étude, la production, la controverse.
Commençons par l’étude. Il ne faut pas croire que la foi, que le soin des intérêts d’une croyance chère et menacée retienne les chrétiens éloignés des connaissances humaines. La religion, qui les rassure, ne leur a pas fait inutilement ces loisirs. Elle ne leur permet pas seulement, elle leur recommande la science. Car si la vérité est Dieu même, il s’ensuit, comme parle saint Augustin, que toute science est bonne en soi, et que le vrai est souverainement désirable, même indépendamment de l’utilité théologique qu’on en peut tirer.