Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/426

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humaines. L’univers matériel a été livré aux disputes des savants il n’est perçu que par les sens, et leur témoignage, souvent pris en défaut et justement suspect, a besoin du contrôle supérieur de la raison. Mais en est-il de même du monde moral ? –Si l’humanité a quelque mission sacrée à remplir ici-bas, elle a dû la connaître à toutes tes heures de son existence, elle a dû se connaître elle-même, son origine et sa fin, les lois de la vie et les espérances de la mort ; elle a dû savoir toutes ces choses sans effort et sans incertitude, sous peine de rester inactive et de perdre dans les controverses séculaires : le temps qui lui fut donné pour marcher à ses destinées immortelles. C’est pourquoi, lorsqu’une obscurité profonde environna l’humanité déchue, deux rayons lui restèrent et formèrent la colonne lumineuse qui devait la guider dans la vie. Ces deux rayons venaient de Dieu mais l’un luisait au dedans, c’était la conscience ; l’autre brillait au dehors, c’était la tradition. Toutes les sciences morales ne sont que le reflet de ces deux rayons secourables, le développement de ces deux données premières. Leur point de départ n’est donc pas dans l’observation des faits, mais dans la connaissance des principes : car ne serait-ce pas folie de chercher dans les phénomènes rapides qui se succèdent au milieu du temps et de l’espace les secrets immuables de l’infini et de l’éternité ? Elles commencent par un acte de foi, et repoussent le