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Page:Pépin - Les barricades en 1832.djvu/57

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ces visionnaires si bons Français, qui se sont chargés de réaliser ce qu’ils nous prédisent parce qu’ils le souhaitent. Or, quel cas faut-il faire de toutes ces déclamations, rapsodies de tribune ou de journaux, catalogues sempiternels de maximes et de sentences où sont enregistrés, pour chaque matin des mots à effet, des paroles magiques, des phrases prophétiques et doctorales, des oracles banals pouvant s’appliquer également au passé comme à l’avenir, à l’avenir comme au passé !

On pourrait répondre à ces faux prophètes : Ce que vous prophétisez, c’est toujours ce que vous espérez ; l’avenir que vous annoncez, c’est celui que vous comptez faire si le ciel le permet ; or, avez-vous le pouvoir de faire ce que vous souhaitez ? êtes-vous les maîtres du temps ? êtes-vous la majorité ? êtes-vous la France ? êtes-vous le monde ?

Vous avez dit, en 1830 : La guerre est inévitable ; avant six mois la France aura la guerre. Cela signifiait : Nous espérons, nous voulons la guerre, car elle sera révolutionnaire au dedans comme au dehors, et il y aura une dictature à nous et pour nous. Mais la guerre n’a point eu lieu en 1830 ni en 1832.

Vous avez dit, en 1831 : Jamais les Souverains ne reconnaîtront la Belgique ; ce sera la première cause de la guerre qui est inévitable. Cela signifiait : Nous espérons que la Belgique ne sera pas reconnue, parce qu’alors elle se mettra immédia-