Quand Antonin et Constant eurent deux ans et commencèrent à trotter devant la porte, il leur vint une petite sœur, Georgette. Cette fois, Dephine resta au lit plus de trois semaines ; heureusement la grand’mère put venir s’occuper des enfants pendant tout ce temps. La sage-femme avait trouvé Delphine très faible et lui avait enseigné un remède fortifiant en lui défendant de se lever. Elle se leva cependant et ne voulut pas acheter le remède ; mais presque aussitôt son lait s’en alla. Elle resta toute maigre avec un gros ventre.
Il fallut encore élever Georgette au biberon ; les trois aînés commençaient à manger joliment. Le carême, dès lors, dura toute l’année.
Un dimanche soir, un dimanche d’été, deux ans environ après la naissance de Georgette. Les Pâtureau sont assis dans le jardin sur de vieilles souches qu’on n’a pas eu le temps de fendre avant l’hiver.
Delphine se désole. Elle vient de manger la soupe avec les enfants. Séverin, lui, s’est contenté d’une pomme de terre froide qui restait du repas de midi. Maintenant, comme Maufret, comme bien d’autres valets, il ne mange plus chez lui, le dimanche. Au repas du matin, chez les Chauvin, il se force ; il en prend pour sa journée ; s’il pouvait en prendre pour les siens ! À midi et le soir, il regarde manger les petits ; il leur coupe le pain ; il fait des tartines comme en faisait son défunt père, des tartines épaisses et courtes qui mé-