Page:Pétrarque - Lettres de Vaucluse, trad. Develay, 1899.pdf/31

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En quittant Rome, je me rendis à Parme, où je passai quelque temps auprès des seigneurs de Correggio, pleins de libéralité et de bonté pour moi, mais ne s’accordant point entre eux. Ils gouvernaient alors cette ville avec une douceur qu’elle n’avait point connue auparavant de mémoire d’homme, et que, selon moi, elle ne connaîtra point pendant ce siècle. Me souvenant de l’honneur que j’avais reçu, je craignais qu’il ne parût décerné à un indigne. Un jour, après avoir gravi les montagnes, je traversai la rivière d’Enza, dans le territoire de Reggio, et je pénétrai dans la Selvapiana[1]. Frappé tout à coup de la beauté du site, je me remis à l’Afrique, que j’avais interrompue. Ma verve, qui semblait assoupie, s’étant réveillée, j’écrivis ce jour-là quelques vers, puis quelques autres chaque jour qui suivit. Ensuite, de retour à Parme, ayant rencontré une maison retirée et tranquille, que j’achetai plus tard et qui m’appartient encore, je conduisis mon œuvre à terme avec une si grande ardeur et en si peu de temps qu’aujourd’hui j’en suis moi-même étonné. De là je retournai vers la fontaine de la Sorgues, et je revins vers ma soli-

  1. Forêt unie.