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de Rome triompha des respectables instances d’un si grand roi. Voyant donc que ma résolution était inflexible, il me donna pour le sénat romain des messagers et une lettre dans laquelle il déclara son jugement sur moi dans les tenues les plus favorables. Ce jugement royal était alors conforme à celui de plusieurs, et surtout au mien ; aujourd’hui je n’approuve ni ce jugement ni le mien, ni celui de toutes les personnes qui le partageaient. L’amitié que l’on me portait et l’intérêt qu’inspirait ma jeunesse y contribuèrent plus que l’amour de la vérité. Je partis néanmoins, et, malgré mon indignité, plein de confiance dans un jugement d’une si grande autorité, quoique je ne fusse encore qu’un écolier ignorant, je reçus la couronne de laurier poétique, à la grande satisfaction des Romains qui purent assister à cette solennité[1]. Il existe sur cet événement des lettres de moi en vers et en prose[2]. Cette couronne de laurier ne me procura point de science, mais beaucoup d’envie. L’histoire en serait trop longue pour trouver place ici.

  1. Le couronnement de Pétrarque au Capitole eut lieu le 8 avril 1341
  2. Épîtres, II, 1 ; Lettres familières, IV, 7.