jamais eu rien de honteux, rien de chanel, enfin rien de coupable que l’excès. Ajoutez-y la mesure, on ne peut rien imaginer de plus beau.
S. Augustin. Je puis te répondre par le mot de Cicéron : Tu veux assigner des bornes au vice[1].
Pétrarque. Pas au vice, mais à l’amour.
S. Augustin. Mais, en disant cela, il parlait de l’amour. Connais-tu le passage ?
Pétrarque. Si je le connais ! J’ai lu cela dans les Tusculanes. Cicéron parlait de l’amour en général ; mais le mien a un caractère particulier.
S. Augustin. Les autres en disent peut-être autant d’eux. Il est vrai que dans toutes les passions et surtout dans celle-là, chacun interprète favorablement ce qui le concerne, et l’on a raison d’approuver ce dicton, quoique venant d’un poète vulgaire : À chacun sa fiancée, à moi la mienne ; à chacun ses amours, à moi les miens[2].
Pétrarque. Voulez-vous, si vous avez le temps, que je vous cite quelques traits entre mille qui vous frapperont, d’admiration et d’étonnement ?
S. Augustin. Crois-tu que j’ignore que les amants se forgent eux-mêmes des chimères[3] ? Ce vers est très connu dans toutes les écoles. Mais j’ai honte d’entendre de pareilles sottises de la bouche d’un homme