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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/104

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l’autre représentait le cours de la lune, les sept planètes, les jours fastes et néfastes, indiqués par des points de différentes couleurs. Au moment où, enivrés de tant de merveilles, nous nous disposions à entrer dans la salle du banquet, un esclave, spécialement chargé de cet emploi, nous cria : — Du pied droit ! — Il y eut parmi nous un moment de confusion, dans la crainte que quelqu’un des convives ne franchît le seuil sans prendre le pas d’ordonnance. Enfin, nous partions tous ensemble du pied droit, quand tout à coup un autre esclave, dépouillé de ses vêtements, tombe à nos pieds, et nous supplie de le soustraire au châtiment dont il est menacé : sa faute, à l’entendre, était très légère : tandis que le trésorier était au bain, chargé de la garde de ses habits, il les avait laissé prendre ; mais ils valaient à peine dix sesterces, nous dit-il. Faisant donc volte-face, et toujours partant du pied droit, nous allons vers le trésorier ; nous le trouvons à son bureau, qui comptait de l’or, et nous le supplions instamment de faire grâce à ce pauvre esclave. — C’est moins la perte que j’ai faite, nous dit-il, en jetant sur nous un regard orgueilleux, que la négligence de ce misérable qui m’irrite. Le vêtement qu’il m’a laissé prendre était une robe de banquet[1] : elle m’avait été donnée par un de mes clients, le jour anniversaire de ma naissance ; elle était assurément de pourpre Tyrienne ; mais elle avait déjà été lavée une fois. Quoi qu’il en soit, je vous accorde la grâce du coupable.