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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/109

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moins. — Aussitôt on apporte des flacons de cristal soigneusement cachetés[3] ; au cou de chacun d’eux était suspendue une étiquette ainsi conçue :

FALERNE OPIMIEN DE CENT ANS.


Tandis que nous parcourions des yeux les étiquettes, Trimalchion battant des mains : — Hélas ! s’écria-t-il, hélas ! il est donc vrai, le vin vit plus longtemps que l’homme ! Buvons donc comme des éponges ; le vin, c’est la vie : celui que je vous offre est du véritable opimien : hier, j’avais à souper meilleure compagnie, et le vin qu’on servit était moins bon. — Tandis que, tout en buvant, nous admirions en détail la somptuosité du festin, un esclave posa sur la table un squelette d’argent[4], si bien imité, que les vertèbres et les articulations se mouvaient avec facilité dans tous les sens. Lorsque l’esclave eut fait jouer deux ou trois fois les ressorts de cet automate, et lui eut fait prendre plusieurs attitudes, Trimalchion se mit à déclamer :

Que l’homme est peu de chose, hélas ! et de ses ans
____Que la trame est courte et fragile !
La tombe est sous nos pas ; mais, dans leur vol agile,
Sachons, par le plaisir, embellir nos instants.