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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/110

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CHAPITRE XXXV.

Cette espèce d’élégie fut interrompue par l’arrivée du second service, dont la magnificence ne répondit pas à notre attente. Cependant, un nouveau prodige attira bientôt tous les regards : c’était un surtout en forme de globe, autour duquel étaient représentés les douze signes du zodiaque, rangés en cercle[1]. Au-dessus de chacun d’eux, le maître d’hôtel avait placé des mets qui, par leur forme ou leur nature, avaient quelque rapport avec ces constellations : sur le Bélier, des pois chiches ; sur le Taureau, une pièce de bœuf ; sur les Gémeaux, des rognons et des testicules ; sur le Cancer, une simple couronne ; sur le Lion, des figues d’Afrique ; sur la Vierge, une matrice de truie ; au-dessus de la Balance, un peson qui, d’un côté, soutenait une tourte, de l’autre, un gâteau ; au-dessus du Scorpion, un petit poisson de mer ; au-dessus du Sagittaire, un lièvre ; une langouste sur le Capricorne ; sur le Verseau, une oie ; deux surmulets sur les Poissons. Au centre de ce beau globe, une touffe de gazon artistement ciselée supportait un rayon de miel. Un esclave égyptien nous présentait à la ronde du pain chaud dans un petit four d’argent ; et, chemin faisant, ce même esclave tirait de son rauque gosier un hymne en l’honneur de je ne sais quelle infusion de laser et de vin. Nous nous disposions tristement à attaquer des mets aussi grossiers, quand Trimalchion : — Si vous voulez m’en croire, mangeons[2], nous dit-il ; vous avez devant vous le plus succulent du repas.