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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/12

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une fidélité trop scrupuleuse, ont bien rendu la lettre, mais non l’esprit de Pétrone ; ils semblent avoir oublié qu’ils avaient à reproduire un des écrivains les plus délicats et les plus ingénieux de l’antiquité : toutes les grâces du modèle, toute la vivacité de son coloris, disparaissent sous leur pinceau lourd et blafard. D’autres, comme Boispréaux (Desjardins) et M. Durand, ont voulu donner à leur version une allure leste et dégagée ; mais, par une erreur encore plus grande, en habillant Pétrone à la française, ils lui ont ôté sa physionomie originale, et l’ont rendu méconnaissable.

Placé entre ces deux écueils, j’ai tâché, tout en suivant d’assez près le texte, que ma fidélité n’eût rien de servile. Si je n’ai pu rendre tout l’éclat des morceaux saillants, j’ai quelquefois pallié les défauts de l’original. Sans doute cette version n’est qu’une bien pâle copie d’un brillant tableau ; mais je prie le lecteur de considérer que, si j’ai souvent échoué dans mes efforts, c’est que j’avais à lutter contre des obstacles presque insurmontables.

La première difficulté qui se présentait, c’était le choix d’un texte : l’ouvrage de Pétrone a tellement souffert de l’injure des temps et de l’ignorance des copistes, qu’il offre à chaque instant des passages mutilés ou corrompus, dont il est impossible de fixer le véritable sens, malgré les doctes et laborieuses élucubrations des Reinesius, des Douza, des Gonsalle de Salas, des Bar-