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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/127

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le combat. Ce n’était, en effet, que des gladiateurs à la douzaine, des poltrons, s’il en fut jamais. Cependant Norbanus me dit, en sortant : « Je vous ai donné un beau spectacle ! » — Et moi, je vous ai applaudi. Comptons maintenant, et vous verrez que je vous donné plus que je n’ai reçu. Une main lave l’autre.


CHAPITRE XLVI.

Il me semble, Agamemnon, vous entendre dire : « Que nous débite là ce bavard importun ? » Mais pourquoi vous, qui parlez si bien, gardez-vous le silence ? Vous avez plus d’éducation que nous, et vous riez de nos discours, à nous autres pauvres ignorants. Je n’ignore pas que vous êtes très fier de votre savoir. Mais quoi ? ne pourrai-je pas quelque jour vous persuader de venir à la campagne visiter notre humble chaumière ? nous y trouverons, j’espère, de quoi manger : des poulets, des œufs. Nous y passerons agréablement le temps, quoique, cette année, l’intempérie de la saison ait ruiné toutes les récoltes. Il y aura toujours de quoi satisfaire notre appétit. À propos, je vous élève un futur disciple dans mon petit Cicaro[1] : il sait déjà quatre parties de l’oraison ; s’il vit, il sera sans cesse à vos côtés comme un petit esclave : car, dès qu’il a un moment de loisir, il ne lève pas la tête de dessus son livre. Il est très intelligent et d’un bon caractère : je n’ai à lui reprocher qu’un goût trop vif pour les oiseaux. Je lui ai déjà tué trois chardonnerets, et je lui ai dit que la belette les avait mangés : il en a cependant trouvé d’autres. Il se plaît aussi beaucoup à faire des vers. Au reste, il a déjà laissé de côté le grec,