Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/128

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et il commence à se livrer avec beaucoup d’ardeur au latin, quoique son maître soit un pédant qui s’en fait trop accroire, et qui ne sait se fixer à rien : il ne manque pas assurément de connaissances, mais il ne travaille pas assez. Mon fils a aussi un autre maître, qui n’est pas un grand docteur sans doute, mais qui enseigne avec beaucoup de soin ce qu’il ne sait pas. Il vient ordinairement chez moi les jours de fête, et se contente du moindre salaire. J’ai acheté depuis peu pour ce cher enfant des livres de chicane[2], parce que je veux qu’il ait quelque teinture du droit, pour diriger les affaires de la maison. C’est là un véritable gagne-pain ! Quant aux belles-lettres, il n’en a déjà la tête que trop farcie. S’il regimbe, eh bien ! j’ai résolu de lui faire apprendre quelque profession utile, comme celle de barbier ou de crieur public, ou tout au moins d’avocat[3] ; un métier enfin qu’il ne puisse perdre qu’avec la vie. Aussi je lui répète chaque jour : « Mon fils aîné, crois-moi, tout ce que tu apprends n’est que pour toi seul. Regarde l’avocat Philéros : s’il n’avait pas étudié, il mourrait de faim aujourd’hui. Naguère encore, ce n’était qu’un pauvre portefaix ; maintenant, il lutte de richesses avec Norbanus lui-même. La science est un vrai trésor, et un métier nourrit toujours son maître. »


CHAPITRE XLVII.

Tels étaient les contes en l’air qu’ils débitaient tour à tour, lorsque Trimalchion rentra. Après avoir essuyé les parfums