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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/130

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vîmes entrer dans la salle trois cochons blancs, muselés et ornés de clochettes. L’esclave qui les conduisait nous apprit que l’un avait deux ans, l’autre trois, et que le dernier était déjà vieux. Pour moi, je pensais que ces animaux qu’on venait d’introduire étaient de ces porcs acrobates[1] qu’on voit figurer dans les cirques, et qu’ils allaient nous faire voir quelques tours merveilleux. Mais Trimalchion, dissipant notre incertitude : — Lequel des trois, nous dit-il, voulez-vous manger ? on va vous l’apprêter sur-le-champ. Des cuisiniers de campagne font cuire un poulet, un faisan ou d’autres bagatelles ; mais les miens font bouillir à la fois un veau tout entier[2]. Qu’on appelle le cuisinier ! — et, sans nous laisser l’embarras du choix, il lui ordonne de tuer le porc le plus vieux. Puis, élevant la voix : — De quelle décurie es-tu[3] ? lui dit-il. — De la quarantième. — Es-tu né chez moi ou acheté ? — Ni l’un, ni l’autre. Je vous ai été légué par le testament de Pansa. — Fais donc en sorte de me servir promptement ce cochon ; sinon, je te fais reléguer dans la décurie des valets de basse-cour. — Le cuisinier n’eut pas plutôt entendu cette menace d’un maître dont il connaissait le pouvoir, qu’il partit, entraînant le porc vers sa cuisine.


CHAPITRE XLVIII.

Trimalchion, jetant alors sur nous un regard paternel : — Si ce vin n’est pas de votre goût, je vais le faire remplacer par