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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/137

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maine de Cumes, qui appartient à Trimalchion, trente garçons et quarante filles. On a transporté des granges dans les greniers cinq cent mille boisseaux de froment ; on a accouplé cinq cents bœufs. Le même jour l’esclave Mithridate a été mis en croix pour avoir blasphémé contre le génie tutélaire de Gaïus, notre maître. Le même jour, on a reporté dans la caisse dix millions de sesterces dont il n’a pas été possible de faire emploi. Le même jour, il y a eu dans les jardins de Pompée un incendie qui a pris naissance chez le fermier Nasta. — Qu’est-ce à dire ? demanda Trimalchion ; depuis quand m’a-t-on acheté les jardins de Pompée ? — Depuis l’année dernière, répondit le greffier, et c’est pour cela qu’on ne les a pas encore portés en compte. — Trimalchion, bouillant de colère, s’écria : — Quels que soient à l’avenir les domaines que l’on m’achète, si l’on ne m’en donne pas avis dans les six mois, je défends qu’on me les porte en compte. — Alors, on lut les ordonnances des édiles et les testaments des gardes des forêts[1], qui déshéritaient Trimalchion, en s’excusant de le faire[2]. Ensuite venaient le rôle de ses fermiers, et l’histoire d’une affranchie répudiée par l’inspecteur des domaines qui l’avait surprise en flagrant délit avec un garçon de bains : — il était dit pourquoi le majordome avait été exilé à Baïes ; comment le trésorier avait été convaincu de malversation ; — suivait le jugement intervenu entre les valets de chambre. Au beau milieu de cette lecture, entrèrent des danseurs de corde. Un de ces insipides baladins dressa une échelle, et ordonna à un jeune enfant d’en grimper tous les échelons, jusqu’au dernier, en dansant et en chantant ; de passer à travers des cercles enflammés,