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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/139

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ripétie ridicule ; car je n’avais pas encore oublié l’histoire du cuisinier qui avait oublié de vider le porc. Aussi je parcourais des yeux toute la salle pour voir si les murs n’allaient pas s’entr’ouvrir pour livrer passage à quelque apparition inattendue. Ce qui me confirma dans cette opinion, ce fut de voir châtier un esclave parce que, pour bander le bras malade de son maître, il s’était servi de laine blanche, et non de laine écarlate. Je ne me trompais guère ; car, au lieu de punir cet enfant, Trimalchion rendit un arrêt par lequel il lui rendait la liberté, pour qu’il ne fût pas dit qu’un personnage de son importance eût été blessé par un esclave.


CHAPITRE LV.

Nous applaudîmes à cet acte de clémence, et nous fîmes des raisonnements à perte de vue sur l’instabilité des choses humaines. — Cela est vrai, dit Trimalchion ; et un pareil accident ne se passera pas sans donner lieu à quelque impromptu. — Aussitôt il demanda ses tablettes, et, sans trop se torturer l’esprit, il nous récita les vers suivants : —

Les biens, les maux sont incertains.
Comme le sort qui nous gouverne.
Buvons ! dans les flots de falerne,
Esclaves, noyez nos chagrins.


— Cette épigramme amena la conversation sur les poëtes, et depuis longtemps on s’accordait à donner la palme à Marsus de Thrace[1], lorsque Trimalchion s’adressant à Agamemnon :