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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/142

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pomme[3]. Pour un billet ainsi conçu : Poireaux et Pèches, un convive reçut un fouet et un couteau ; pour un autre : Passereaux et Chasse-mouche, des raisins secs et du miel attique ; pour un autre : Robe de festin et Robe de ville, un gâteau, et des tablettes ; pour un autre : Canal et mesure d’un pied, on apporta un lièvre et une pantoufle ; pour un autre enfin : Murène et Lettre, un rat d’eau lié avec une grenouille, et un paquet de poirée. Nous rîmes longtemps de ces lots bizarres, et de mille autres semblables, dont j’ai perdu la mémoire.


CHAPITRE LVII.

Cependant Ascylte, levant les mains au ciel, se moquait, sans contrainte, de toutes ces niaiseries, dont il riait à gorge déployée. Cette conduite irrita un des affranchis de Trimalchion, celui-là même qui était à table au-dessus de moi : — Qu’as-tu donc à rire, pécore ? s’écria-t-il. Est-ce que la magnificence de mon maître n’est point de ton goût ? Sans doute tu es plus riche que lui, et tu fais meilleure chère ? Que les lares protecteurs de cette maison me soient en aide ! si j’étais auprès de lui, je l’aurais déjà empêché de braire. Voyez un peu le bel avorton, pour se moquer des autres ! il m’a tout l’air d’un vagabond de nuit, qui ne vaut pas la corde qui servira à le pendre ! Si je lâchais autour de lui le superflu de ma boisson, il ne saurait par où s’enfuir. Certes, je ne me mets pas aisément en colère ; mais quand on se fait brebis, le loup vous mange. Il rit ! qu’a-