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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/147

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raisonnable que lui. Nous ferons bien mieux de reprendre notre humeur facile et joyeuse, en attendant les Homéristes. — Au même instant, une troupe de ces comédiens entra, en faisant retentir les boucliers du choc des lances : Trimalchion, pour les écouter, s’assied sur un carreau ; mais à peine les Homéristes eurent-ils commencé à déclamer des vers grecs, selon leur coutume, que, par un nouveau caprice, il se mit à lire à haute voix un livre latin. Puis bientôt, faisant faire silence : — Savez-vous, nous dit-il, quelle est la fable qu’ils représentent ? Diomède et Ganymède étaient deux frères ; Hélène était leur sœur. Agamemnon l’enleva, et lui substitua une biche, pour être immolée à Diane. Ainsi Homère, dans ce poëme, nous raconte les combats des Troyens et des Parentins. Agamemnon fut vainqueur, et donna sa fille Iphigénie en mariage à Achille. Cette union fut cause qu’Ajax perdit la raison, comme on va vous l’expliquer tout à l’heure. — Trimalchion parlait encore, quand les Homéristes jetèrent un grand cri, et des valets accoururent, portant sur un plat immense un veau bouilli, qui avait un casque sur la tête. Derrière venait Ajax, qui, l’épée nue, et imitant les gestes d’un furieux, le découpa dans tous les sens ; puis, avec la pointe de son épée, en distribua successivement tous les morceaux aux convives émerveillés.


CHAPITRE LX.

Nous eûmes à peine le temps d’admirer sa dextérité ; car tout à coup le plancher supérieur vint à craquer avec un si