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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/150

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vice, et nous habitions cette petite rue où est maintenant la maison de Gaville. Là, par la volonté des dieux, je tombai amoureux de la femme de Térence, le cabaretier. Vous avez tous connu Mélisse de Tarente ; c’était bien le plus joli nid de baisers qui fût au monde. Toutefois, sur mon honneur, ce n’était point un amour charnel ou l’attrait du plaisir qui m’attachait à elle ; c’étaient plutôt ses bonnes qualités. Jamais elle ne me refusait rien ; elle allait au-devant de tous mes vœux. Je lui confiais mes petites économies, et je n’eus jamais à me repentir de ma confiance. Son mari mourut à la campagne. Alors, je me mis l’esprit à la torture pour inventer quelque moyen d’aller la rejoindre. C’est dans les circonstances critiques que l’on connaît ses véritables amis.


CHAPITRE LXII.

Par un heureux hasard, mon maître était allé à Capoue vendre quelques nippes d’assez bon débit. Profitant de cette occasion, je persuadai à notre hôte de m’accompagner jusqu’à cinq milles de là. C’était un soldat, brave comme Pluton. Nous nous mettons en route au premier chant du coq (la lune brillait, et on y voyait clair comme en plein midi). Chemin faisant, nous nous trouvâmes parmi des tombeaux. Soudain, voilà mon homme qui se met à conjurer les astres ; moi, je m’assieds, et je fredonne un air, en comptant les étoiles. Puis, m’étant retourné vers mon compagnon, je le vis se