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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/155

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dans ma maison qui m’aime plus que cet animal. — Crésus, piqué des louanges prodiguées à Scylax, pose sa chienne à terre, et l’agace de toutes ses forces contre lui. Alors Scylax, selon l’instinct de sa race, remplit toute la salle du bruit de ses horribles aboiements, et faillit mettre en pièces la Perle (c’était le nom de la chienne de Crésus) ; mais le tumulte ne se borna pas à cette querelle, car un des lustres tomba sur la table, et, brisant tous les vases qui s’y trouvaient, couvrit d’huile bouillante quelques-uns des convives. Trimalchion, pour ne pas paraître affecté de cette perte, embrassa son mignon, et lui ordonna de grimper sur son dos. Aussitôt fait que dit : Crésus enfourche sa monture, et lui frappe du plat de la main sur les épaules ; puis, ouvrant les doigts de l’autre main, il s’écrie en riant : — Cornes ! cornes ! combien sont-elles[2] ? — Trimalchion, après avoir subi pendant quelque temps cette espèce de pénitence, donna l’ordre de remplir de vin un grand vase, et d’en verser à tous les esclaves qui étaient assis à nos pieds, avec cette restriction : — Si quelqu’un d’entre eux, dit-il, refusait de boire, qu’on lui jette le vin sur la tête : je suis sévère pendant le jour ; mais maintenant, vive la joie !


CHAPITRE LXV.

Après cet acte de familiarité, on servit les mattées[1], dont le souvenir seul, vous pouvez m’en croire, me soulève encore le