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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/157

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gagne, il a trouvé, je pense, une bonne succession ; car on n’estime pas à moins de cinquante mille écus les biens du défunt. Toutefois, nous avons fait un repas très agréable, quoiqu’il nous ait fallu verser sur ses os la moitié de notre vin[5].


CHAPITRE LXVI.

Mais enfin que vous a-t-on servi ? reprit Trimalchion. — Je vais vous le dire, si je puis ; car j’ai si bonne mémoire qu’il m’arrive souvent d’oublier mon propre nom. Nous avons eu d’abord, au premier service, un porc couronné de boudins, et entouré de saucisses, des gésiers très-bien accommodés, des citrouilles, et du pain bis de ménage, que je préfère au pain blanc, parce qu’il est fortifiant, laxatif, et me fait aller où vous savez sans douleur. Le second service se composait d’une tarte froide[1], arrosée d’un miel d’Espagne chaud et délicieux : aussi je n’ai pas touché à la tarte ; quant au miel, je m’en suis léché les doigts. Alentour étaient des pois chiches, des lupins, des noix à foison, mais seulement une pomme pour chaque convive ; cependant j’en ai pris deux ; et, tenez, les voici roulées dans ma serviette : car si je n’apportais quelque petit cadeau de ce genre à mon esclave favori, il y aurait du bruit à la maison. Mais ma femme me fait souvenir d’un mets que j’allais oublier. On servit devant nous un morceau d’ourson, et Scintilla en ayant goûté sans savoir ce que c’était, faillit