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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/158

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vomir jusqu’à ses entrailles : pour moi, j’en ai mangé plus d’une livre, car il avait un fumet de sanglier à s’y méprendre. En effet, me disais-je, si les ours mangent les hommes, à plus forte raison les hommes doivent manger les ours. Enfin, nous avons eu un fromage mou, du vin cuit, quelques escargots, des tripes hachées, des foies en caisses, des œufs chaperonnés, des raves, de la moutarde, un petit plat de coquillages, des biscuits, une couple de jeunes thons ; on fit aussi circuler, dans une petite nacelle, des olives marinées, que quelques convives nous disputèrent grossièrement à coups de poing : quant au jambon, nous le renvoyâmes sans y toucher.


CHAPITRE LXVII.

Mais dites-moi, Gaïus, je vous prie, pourquoi Fortunata n’est-elle pas des nôtres ? — Pourquoi ? ne la connaissez-vous pas ? Elle ne boirait pas même un verre d’eau avant d’avoir serré l’argenterie et distribué aux esclaves la desserte du repas. — Je le sais ; mais si elle ne se met pas à table, je vais me retirer. — Et, en effet, il faisait déjà le geste de se lever, lorsqu’à un signal donné par leur maître, tous les esclaves se mirent à appeler Fortunata à trois et quatre reprises. Elle arriva enfin. Sa robe, retroussée par une ceinture vert-pâle, laissait apercevoir en dessous sa tunique couleur cerise, ses jarretières en torsade d’or et ses mules ornées de broderies du même métal. Après avoir essuyé ses mains au mouchoir