Aller au contenu

Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/159

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’elle portait autour du cou, elle se plaça sur le même lit qu’occupait l’épouse d’Habinnas, Scintilla, qui lui en témoigna sa satisfaction. Fortunata l’embrassa et lui dit : — Quel bonheur de vous voir ! — Ensuite elles en vinrent à un tel degré d’intimité, que Fortunata, détachant de ses gros bras les bracelets dont ils étaient ornés, les offrit à l’admiration de Scintilla. Enfin elle ôta jusqu’à ses jarretières ; elle ôta même le réseau de sa coiffure qu’elle assura être filé de l’or le plus pur. Trimalchion, qui le remarqua, fit apporter tous les bijoux de sa femme. — Voyez, dit-il, quel est l’attirail d’une femme ! c’est ainsi que nous nous dépouillons pour elles, sots que nous sommes ! Ces bracelets doivent peser six livres et demie ; j’en ai moi-même un de dix livres que j’ai fait faire avec les millièmes voués à Mercure. — Et, pour nous montrer qu’il n’en imposait pas, il fit apporter une balance, et tous les convives furent forcés de vérifier le poids de chacun de ces bracelets. Scintilla, non moins vaine, détache de son cou une cassolette d’or, à laquelle elle donnait le nom de Felicion, et en tire deux pendants d’oreille, qu’elle fait à son tour admirer à Fortunata. — Grâce à la générosité de mon mari, personne, dit-elle, n’en a de plus beaux. — Parbleu ! dit Habinnas, ne m’as-tu pas ruiné de fond en comble pour t’acheter ces babioles de verre ? Certes, si j’avais une fille, je lui ferais couper les oreilles. S’il n’y avait pas de femmes au monde, nous mépriserions tout cela comme de la boue ; mais toutes nos remontrances n’y font que de l’eau claire. — Cependant, les deux