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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/160

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amies, déjà étourdies par le vin, se mettent à rire entre elles, et, dans leur ivresse, se jettent au cou l’une de l’autre. Scintilla vante les soins diligents que Fortunata donne à son ménage ; Fortunata, le bonheur de Scintilla et les bons procédés de son mari. Mais, tandis qu’elles se tiennent ainsi étroitement embrassées, Habinnas se lève en tapinois ; et, saisissant Fortunata par les pieds, lui fait faire la culbute sur le lit. — Ah ! ah ! s’écria-t-elle, en voyant ses jupons retroussés par-dessus ses genoux. Soudain elle se rajuste ; et, se jetant dans les bras de Scintilla, cache sous son mouchoir un visage que la rougeur rendait encore plus laid.


CHAPITRE LXVIII.

Quelques instants après, Trimalchion ordonna de servir le dessert. Les esclaves enlevèrent aussitôt toutes les tables, et en apportèrent de nouvelles ; ensuite, ils répandirent sur le plancher de la sciure de bois teinte avec du safran et du vermillon, et, ce que je n’avais encore vu nulle part, de la pierre spéculaire réduite en poudre. Alors Trimalchion : — J’aurais pu, nous dit-il, me contenter de ce service, car vous avez devant vous les secondes tables ; mais s’il y a quelques friandises, qu’on nous les apporte. — Sur ces entrefaites, un esclave égyptien qui servait de l’eau chaude se mit à imiter le chant du rossignol ; mais bientôt Trimalchion ayant crié : — Un autre ! — la scène change. — Un