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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/168

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CHAPITRE LXX.

En achevant cette lecture, Trimalchion se mit à verser un torrent de larmes ; Fortunata pleurait aussi, Habinnas de même ; enfin tous les esclaves, comme s’ils eussent assisté au convoi de leur maître, remplissaient la salle de leurs lamentations. Je commençais moi-même à m’attendrir, lorsque Trimalchion reprit tout à coup : — Eh bien donc, mes amis, convaincus que nous devons tous mourir, que ne jouissons-nous de la vie ? Maintenant, pour mettre le comble à nos plaisirs, allons nous jeter dans le bain. J’en ai fait l’essai, et vous n’aurez pas à vous en repentir, car il est chaud comme un four. — Bravo ! bravo ! répondit Habinnas, d’un jour en faire deux, voila ce que j’aime. — Et, se levant pieds nus, il suivit Trimalchion enchanté. Pour moi, regardant Ascylte : — Que ferons-nous ? lui dis-je ; la vue seule du bain est capable de me faire mourir sur le coup. — Dites comme eux, répondit Ascylte ; et, tandis qu’ils se rendent au bain, échappons-nous dans la foule. — J’approuve son idée, et, conduits par Giton, nous traversons le vestibule, et nous gagnons la porte. Nous allions sortir, lorsqu’un énorme chien, quoique enchaîné, nous causa une telle frayeur par ses aboiements, qu’Ascylte, en s’enfuyant, tomba dans un vivier ; et moi, qui, même à jeun, avais eu peur d’un dogue en peinture, non moins ivre que mon compagnon, en voulant le secourir, je tombai dans l’eau avec lui. Heureusement, le concierge vint nous délivrer