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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/169

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de ce péril ; sa présence suffit pour faire taire le chien, et il nous tira tout tremblants du vivier. Giton, plus avisé que nous, avait trouvé un admirable expédient pour se garantir des attaques du chien : il lui avait jeté tous les bons morceaux que nous lui avions donnés pendant le repas ; aussi l’animal, occupé à dévorer la pâture qu’il lui offrait, s’était-il calmé sur-le-champ. Cependant, transis de froid, nous demandâmes à notre libérateur de nous ouvrir la porte. — Vous vous trompez beaucoup, nous dit-il, si vous croyez sortir par où vous êtes entrés. Jamais les convives ne repassent deux fois par la même porte : on entre par un côté, on sort par l’autre.


CHAPITRE LXXIII.

Que faire ? comment trouver l’issue de ce labyrinthe où, pour notre malheur, nous étions enfermés ? Nous venions déjà de nous baigner malgré nous : prenant donc notre parti, nous prions le concierge de nous conduire au bain : nous quittons nos habits, que Giton fait sécher à l’entrée, et l’on nous introduit dans une étuve fort étroite, espèce de citerne à rafraîchir, où Trimalchion se tenait debout, tout nu, et, dans cette posture, débitait, avec sa forfanterie ordinaire, d’insipides discours que nous fûmes forcés d’écouter. Il disait que rien n’était plus agréable que de se baigner loin d’une foule importune ; que cette étuve avait été jadis une boulangerie. Enfin, las de rester sur ses jambes, il s’assit ; mais, par malheur, cette salle avait un écho qui lui donna l’idée de chanter : le