Aller au contenu

Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/170

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voilà donc qui fait trembler la voûte de ses hurlements entrecoupés des hoquets de l’ivresse, et à écorcher des airs qui, au dire de ceux qui y comprenaient quelque chose, étaient des chansons de Ménécrate. Quelques-uns des convives couraient autour de sa baignoire en se tenant par la main ; d’autres se chatouillaient mutuellement, et poussaient des cris à fendre le crâne. Ceux-ci, les mains liées, tâchaient de ramasser à terre des anneaux ; ceux-là, un genou en terre, se renversaient la tête en arrière, et s’efforçaient de toucher l’extrémité de leurs orteils. Laissant donc tous ces ivrognes se divertir à leur manière, nous descendîmes dans la cuve que l’on préparait pour Trimalchion. Lorsque les fumées du vin furent dissipées, on nous conduisit dans une autre salle, où Fortunata avait fait disposer tous les apprêts d’un splendide repas. Les lustres qui ornaient le plafond étaient soutenus par de petites figures de pêcheurs en bronze ; les tables étaient d’argent massif, les coupes d’argile dorée ; et devant nous était une outre d’où le vin coulait en abondance. — Amis, nous dit Trimalchion, c’est aujourd’hui que l’on coupe la première barbe de mon esclave favori ; c’est un garçon de bonne conduite et que j’aime beaucoup, soit dit sans offenser personne. Buvons donc comme des éponges, et que le jour nous trouve encore à table.


CHAPITRE LXXIV.

Comme il disait ces mots, un coq vint à chanter. Tout déconcerté, Trimalchion ordonna aussitôt aux esclaves de ré-