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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/171

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pandre du vin sous la table, et d’en arroser aussi les lampes ; il passa même son anneau de la main gauche à la droite : — Ce n’est pas sans raison, dit-il, que ce héraut du jour nous donne l’alarme ; il y a, j’en suis certain, quelque incendie prêt à éclater dans les environs, ou quelqu’un qui va rendre l’âme. Loin de nous ce présage ! Je promets une récompense au premier qui m’apportera ce prophète de malheur. — À peine il achevait, qu’on lui apporta un coq du voisinage. Trimalchion le condamne à être fricassé. Dédale, cet habile cuisinier qui naguère d’un porc avait fait des oiseaux et des poissons, le coupe en morceaux, le jette dans un chaudron ; et, tandis qu’il l’arrose d’eau bouillante, Fortunata broie du poivre dans un mortier de buis. Ce service étant terminé, Trimalchion se tourna vers les esclaves : — Eh quoi ! leur dit-il, vous n’avez pas encore soupé ? allez, et que d’autres viennent vous remplacer. — Une nouvelle troupe d’esclaves se présente aussitôt ; les uns, en se retirant, criaient : — Adieu, Gaïus ! — Les autres, en entrant : — Bonjour, Gaïus ! — Dès ce moment, adieu tous nos plaisirs ! Parmi les nouveaux venus se trouvait un esclave d’une figure assez agréable : Trimalchion s’en empare et le couvre de mille baisers. Fortunata, réclamant alors ses droits d’épouse, accable d’injures son mari, et crie à haute voix qu’il est bien ordurier, bien infâme, de se livrer ainsi sans contrainte à ses honteux penchants. Enfin, à tous ces noms elle ajoute celui de — Chien ! — Trimalchion, confus, exaspéré de cet outrage, lance une coupe à la tête de Fortu-