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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/193

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losophie ? On ne leur demande pas même la santé. Suivez cette foule qui monte au Capitole : avant même d’atteindre le seuil du temple, l’un promet une offrande, s’il a le bonheur d’enterrer un riche parent ; l’autre, s’il découvre un trésor ; un troisième, s’il parvient, avant de mourir, à entasser trente millions de sesterces. Que dis-je ? n’a-t-on pas vu souvent le sénat lui-même, le sénat, l’arbitre de l’honneur et de la justice, vouer mille marcs d’or à Jupiter ? et ne semble-t-il pas encourager la cupidité, lorsqu’il tâche ainsi, à prix d’argent, de se rendre le ciel favorable ? Cessez donc de vous étonner de la décadence de la peinture, puisque les dieux et les hommes trouvent plus de charmes dans la vue d’un lingot d’or que dans tous les chefs-d’œuvre d’Apelles, de Phidias et de tous ces radoteurs de Grecs, comme ils les appellent. Mais je vois que ce tableau qui représente la prise de Troie absorbe toute votre attention : je vais donc tâcher de vous en donner l’explication dans le langage des Muses.


CHAPITRE LXXXIX.

Pergame, après dix ans de siége, de carnage,
Bravait encor des Grecs le superbe courage.
Ces Grecs si fiers, armés sur la foi de Calchas,
Comptaient en frémissant leurs stériles combats,
Mais l’oracle a parlé : sous la hache abattues,
L’Ida voit ses forêts à ses pieds descendues.