Aller au contenu

Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/195

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Un trait part… Mais quel dieu rend ce trait inutile ?
Il tombe, et meurt au pied du colosse immobile :
Un vain peuple applaudit à cet arrêt des cieux.
La hache cependant porte un coup plus heureux :
Le monstre est ébranlé ; ses entrailles mugissent ;
Sous leur abri douteux les Grecs tremblants pâlissent :
Le cri qu’en cet instant leur arrache la peur
Redouble des Troyens la pieuse ferveur,
Et, dans ses murs livrés, tout un peuple avec joie
Introduit ces captifs qui vont conquérir Troie.
La ruse a triomphé ! mais un prodige affreux
Vient alors de la foule épouvanter les yeux.
Des bords où Ténédos s’élève au sein de l’onde,
Un bruit sourd est parti… la mer s’émeut et gronde :
Le flot poursuit le flot qui murmure et s’enfuit :
Tel Neptune se plaint dans l’ombre de la nuit,
Quand la rame, docile à la main qui la guide,
De ses coups redoublés fend la plaine liquide.
Tout à coup, déployant leurs immenses anneaux,
Deux serpents monstrueux s’avancent sur les eaux :
Sous leurs bonds convulsifs, en temps égaux pressée,
 L’onde écume, et jaillit jusqu’aux cieux élancée :
Leurs yeux, rouges de sang, lancent d’affreux éclairs,
Qui semblent de leurs feux incendier les mers,