Aller au contenu

Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/197

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Insensés ! ils rêvaient un heureux lendemain.
Mais du cheval fécond le flanc s’ouvre, et soudain,
Libre de sa prison, une nombreuse élite
Dans les murs de Priam court et se précipite :
Tel, affranchi du mors, vole un coursier fougueux,
L’œil fier, et de ses crins battant ses flancs poudreux.
Déjà le sang ruisselle, et le glaive homicide
Moissonne les Troyens comme un troupeau timide :
Engourdis par le vin, ils passent sans effort
De la mort du sommeil au sommeil de la mort ;
Et, sur l’autel de Troie, une torche allumée
Fournit les feux vengeurs dont Troie est consumée.


CHAPITRE XC.

A peine Eumolpe achevait son récit, que ceux qui se promenaient sous les portiques firent pleuvoir sur lui une grêle de pierres[1]. Accoutumé à de pareils suffrages, il se couvrit la tête, et s’enfuit hors du temple. Craignant qu’on ne me prît aussi pour un poëte, je le suivis de loin jusqu’au bord de la mer : là, dès que je me vis hors de la portée des coups, je m’arrêtai, et, apostrophant Eumolpe : — D’où vous vient, lui dis-je, cette manie ? il y a à peine deux heures que nous sommes ensemble, et, au lieu de parler comme tout le monde, vous ne m’avez débité que des vers. Je ne m’étonne plus si le peuple