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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/198

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vous poursuit à coups de pierres. Je vais faire aussi ma provision de cailloux, et, toutes les fois que cet accès vous prendra, je vous tirerai du sang de la tête. — Il secoua les oreilles et répondit : — Jeune homme, ce n’est pas d’aujourd’hui seulement que l’on me traite de la sorte : je ne parais jamais sur le théâtre, pour réciter quelques vers, sans recevoir un pareil accueil des spectateurs. Quoi qu’il en soit, pour n’avoir pas aussi maille à partir avec vous, je consens à me sevrer de ce plaisir tout le reste du jour. — Et moi, répliquai-je, si vous tenez en bride votre Pégase, je vous promets un bon souper[2]. — Puis je confiai à la gardienne de mon chétif logis le soin de mon chétif repas, et je me rendis au bain avec Eumolpe.


CHAPITRE XCI.

En y entrant, j’aperçus Giton appuyé contre la muraille et tenant dans ses mains des frottoirs et des racloirs d’étuviste[1]. À son air triste et abattu, on devinait sans peine que c’était contre son gré qu’il servait Ascylte. Tandis que je le regardais attentivement pour m’assurer que c’était bien lui, il m’aperçut, et, tournant vers moi son visage où brillait la joie la plus vive : — Grâce, mon frère ! s’écria-t-il ; ayez pitié de moi ! Ici, je ne vois plus briller les armes, et je puis vous faire connaître mes vrais sentiments. Délivrez-moi de la tyrannie d’un brigand sanguinaire, et, pour me punir de l’arrêt que j’ai prononcé contre vous, infligez-moi le plus sévère châtiment ; mais n’est-