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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/20

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3° Terentianus Maurus cite Pétrone comme faisant un usage familier du vers ïambe, et la lecture de Pétrone justifie la remarque de Terentianus : or, ce poëte écrivait, dit-on, sous Domitien. Pétrone est donc antérieur à ce prince.

4° Enfin, entre les règnes de Néron et de Domitien, nul auteur connu n’a porté le nom de Pétrone ; car on ne peut citer Petronius aristocrates de Magnésie, philosophe contemporain de Perse, mais duquel il ne nous reste aucun ouvrage. Donc Terentianus, Tacite, Pline et Plutarque ont, sous le nom de Pétrone, désigné un seul et même homme ; donc l’auteur du Satyricon vécut dans le premier siècle de l’ère vulgaire ; donc il fut un personnage célèbre à la cour des empereurs, où il se vit décorer des honneurs du consulat ; donc sa mort coïncide avec la douzième année du règne de Néron ; donc le Satyricon est la peinture des vices de ce prince.

Ce qui pourrait donner quelque poids à cette opinion, c’est qu’elle fut celle de P. Pithou, justement surnommé le Varron français dans le XVIe siècle. Mais, d’abord, on peut opposer à ce savant des savants non moins respectables, un Juste Lipse, un Petit, les deux Valois, puis Voltaire et beaucoup d’autres. Viennent ensuite quelques objections assez fortes contre le sentiment commun. Les voici : j’en attends la solution.

1° C’est en vain qu’on invoquerait dans les deux Pétrones la ressemblance des noms. Le seul Pétrone qui se vit honorer du consulat sous Néron fut Caïus Petronius Turpillianus ; Tacite et les fastes consulaires sont d’accord sur ce point. Or, l’auteur du Satyricon est Titus Petronius Arbiter. Cette double différence et de prénoms et de surnoms suffirait seule pour détruire l’identité des