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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/200

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baisai la bouche d’où était sortie une réponse si sensée ; puis, pour mieux le convaincre que je lui pardonnais le passé, et que mon amour pour lui était aussi vif et aussi sincère que jamais, je lui prodiguai les plus tendres caresses.


CHAPITRE XCII.

Il était nuit close, et la femme avait ponctuellement exécuté mes ordres pour le souper, lorsque Eumolpe vint frapper à ma porte. — Combien êtes-vous ? lui demandai-je. — Et, avant d’ouvrir, je regardai par le trou de la serrure si Ascylte n’était pas avec lui. Quand je vis qu’il était seul, je lui ouvris sur-le-champ. Dès qu’il fut entré, il se jeta sur un lit de repos, et, apercevant Giton qui dressait la table, il me fit un signe de tête, et me dit : — Je vous fais mon compliment de votre Ganymède : il faut nous divertir ce soir. — Un début si gaillard ne me plut nullement, et je craignis d’avoir reçu chez moi un second Ascylte. Eumolpe n’en resta pas là ; car Giton lui ayant présenté à boire : — Je t’aime plus, lui dit-il, que tous les mignons que j’ai vus au bain. — Puis, vidant la coupe d’un seul trait : — Je n’ai jamais été si altéré, poursuivit-il ; car, en me baignant, j’ai failli être assommé, parce que, pour distraire ceux qui étaient assis autour du bassin, j’ai essayé de leur déclamer un de mes poëmes. Chassé du bain, comme je l’ai si souvent été du théâtre, je vous cherchais dans tous les coins, et je criais à tue-tête : Encolpe ! Encolpe ! quand du