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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/208

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CHAPITRE XCVII.

Pendant que Bargate était en conversation secrète avec Eumolpe, entra dans l’auberge un crieur public, suivi d’un valet de ville et d’une grande foule de curieux : secouant un flambeau qui répandait plus de fumée que de lumière, il lut à haute voix cette proclamation :

Un jeune homme d’environ seize ans, nommé Giton, aux cheveux frisés[1], d’une complexion délicate et d’un extérieur agréable, vient de s’égarer au bain public : mille écus de récompense à quiconque le ramènera ou pourra indiquer le lieu de sa retraite.

Près du crieur se tenait Ascylte, vêtu d’une robe bigarrée de diverses couleurs[2], et portant dans un plat d’argent la récompense promise. Sans perdre un instant, j’ordonnai à Giton de se fourrer sous le lit, et, comme autrefois Ulysse s’était caché sous le ventre d’un bélier, d’entrelacer ses pieds et ses mains dans les sangles qui soutenaient le matelas[3], pour échapper aux perquisitions de ceux qui le cherchaient. Giton s’empressa de m’obéir, et se suspendit si bien aux sangles du lit, qu’Ulysse se serait avoué vaincu par notre ruse. De mon côté, pour éloigner tout soupçon, j’étendis mes vêtements sur le lit, et, m’y couchant, j’y imprimai la forme d’un homme de ma taille. Cependant Ascylte, après avoir visité toutes les chambres avec le valet du crieur, s’arrêta devant la mienne :