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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/209

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voyant que la porte était soigneusement fermée, il en conçut d’autant plus d’espoir. Mais le valet, introduisant sa hache entre la porte et son chambranle, en fit sauter les ferrures. Alors, me jetant aux pieds d’Ascylte, je le conjurai, au nom de notre ancienne amitié et des mauvais jours que nous avions supportés ensemble, de me laisser voir pour la dernière fois le frère que je regrettais. Et, pour donner plus de vraisemblance à mes prières hypocrites : — Je sais, lui dis-je, Ascylte, que vous êtes venu dans l’intention de m’ôter la vie : ne le vois-je pas à ces haches qui vous accompagnent ? Assouvissez donc vôtre haine : voilà ma tête ; versez mon sang dont vous êtes altéré, car vos recherches ne sont qu’un vain prétexte. — Ascylte, indigné d’un pareil soupçon, jura qu’il n’avait d’autre but que de rattraper son fugitif ; qu’il ne demandait la mort de personne, encore moins celle d’un suppliant dans lequel il ne pouvait, même après un fâcheux démêlé, méconnaître le plus cher de ses amis.


CHAPITRE XCVIII.

Cependant le valet de ville se montrait plus actif : armé d’une canne qu’il avait arrachée au cabaretier, il sondait le dessous du lit, et fouillait tous les coins et recoins de la chambre. Mais Giton évitait adroitement tous les coups, et retenait sa respiration, malgré les punaises qui lui couraient sur le visage. Dès qu’ils furent partis, Eumolpe, profitant de ce que la frac-