Aller au contenu

Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/210

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ture de la porte ouvrait un libre accès à tout le monde, se précipita dans la chambre ; et, transporté de joie, s’écria : — J’ai gagné mille écus ! Je vais courir après le crieur qui s’en va, et, pour vous punir du tour que vous m’avez joué, je lui déclarerai que Giton est entre vos mains. — Voyant qu’il persistait dans sa résolution, j’embrasse ses genoux, et je le conjure de ne pas donner le dernier coup à des malheureux déjà plus qu’à demi morts. — Vous auriez raison de vous venger, ajoutai-je, s’il était en votre pouvoir de trouver celui que vous voulez livrer ; mais le pauvre enfant vient de s’échapper dans la foule, et je ne sais où il est allé. Au nom des dieux ! Eumolpe, tâchez de le retrouver, dussiez-vous même le rendre à Ascylte. — Il commençait à ajouter foi à cette histoire, lorsque Giton, ne pouvant plus longtemps retenir son haleine, éternua trois fois de suite avec tant de force, que le lit en trembla. — Les dieux vous bénissent[1] ! — dit Eumolpe, se tournant du côté d’où venait ce bruit ; et, soulevant le matelas, il aperçut notre Ulysse, qu’un Cyclope même à jeun eût épargné. À cette vue, il m’apostropha de la sorte : — Scélérat ! pris sur le fait, tu as encore l’effronterie de nier la vérité ! Que dis-je ? si la divinité, qui ne souffre pas que le crime reste impuni, n’eût forcé cet enfant à me découvrir sa retraite, dupe de tes artifices, je serais maintenant à courir tous les cabarets pour l’y chercher. — Mais Giton, qui s’entendait bien mieux que moi à cajoler son monde, commença par panser avec des toiles d’araignée trempées dans de l’huile la blessure qu’Eumolpe avait reçue au front ; ensuite, à la robe déchirée du