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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/22

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3° La diatribe du favori disgracié était la chronique du jour ; chronique scandaleuse, mais véridique et basée sur des faits trop certains. Elle dénonçait à l’indignation publique les turpitudes confiées au secret de la nuit. Les agents du crime et ses complices, leurs noms, leur sexe, leur âge, les lieux qui le virent commettre, tout s’y trouvait décrit en peu de mots comme sans emblème. Ainsi l’exigeait la vengeance : le voile de l’énigme en eût émoussé les traits, et le raccourci du tableau donnait un jeu plus fort aux figures. Mais que voit-on dans le Satyricon ? Là, chaque acteur, sous un nom supposé, voyage dans le pays des fables, raconte quelque aventure galante, fait tour à tour, à l’aide de récits imaginaires, la satire de quelque vice, et jette le ridicule à pleines mains sur les objets qui lui déplaisent. Tantôt on y déplore la corruption du goût, l’avilissement des beaux-arts, la chute de l’éloquence : on y donne parfois d’excellents préceptes de morale et de poésie. Tantôt l’auteur nous promène sur les mers, à travers les écueils ou les querelles des passagers ; puis tout à coup, interrompant son récit, il repose agréablement l’esprit du lecteur sur l’épisode de la matrone d’Éphèse, et donne aux prudes une leçon utile. Plus loin, il embouche fièrement la trompette de Mars, décrit en vers ïambes l’embrasement de Troie, ou consacre à peindre les fureurs de la guerre civile la majesté de l’hexamètre. Enfin son vol s’abaisse, et sa dernière scène nous présente un fripon dupe de sa propre fourberie. En vérité, voir, dans ces jeux d’un esprit qui s’amuse, les débauches d’un tyran et la vengeance d’une de ses victimes, c’est avoir l’œil bien pénétrant !

4° Sous quel personnage du Satyricon Néron serait-il