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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/222

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L’avocat, au barreau, désarme la justice,
Et sauve son client des rigueurs du supplice.
L’avare, ouvrant le sol pour enfouir son or,
Dans son champ, tout à coup, trouve un nouveau trésor ;
Et dans ses billets doux une épouse coquette
Réclame d’un galant les faveurs qu’elle achète.
Le pilote englouti s’agite, et presse en vain
La planche de salut qui se brise en sa main.
Tandis que le chasseur, sur la plume immobile,
Derrière ses rideaux poursuit un cerf agile ;
Par un rêve emporté, le chien, du lièvre absent,
Dans un bois idéal suit la piste en jappant.
De l’homme riche ainsi doublant les jouissances,
La nuit du malheureux prolonge les souffrances.


Cependant Lycas, après avoir fait les ablutions nécessaires pour expier le songe de Tryphène[1] : — Qui nous empêche, dit-il, de faire la visite de ce navire, pour n’avoir point à nous reprocher de mépriser ces avertissements du ciel ? — Le passager qui, pour notre malheur, avait été témoin de notre déguisement nocturne, Hésus était son nom, entre tout à coup chez Lycas, et s’écrie : — Quels sont donc les misérables qui se sont fait raser la tête cette nuit au clair de la lune ? Par Hercule ! ce sacrilège est d’un très dangereux exemple ; car j’ai ouï dire qu’il n’est permis à personne de se couper les ongles ou les cheveux sur un vaisseau, à moins que le vent ne soit irrité contre la mer.