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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/226

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céleste. — Ces paroles superstitieuses changèrent tellement les dispositions de Tryphène, que, bien loin de s’opposer à notre supplice, elle déclara qu’elle consentait de grand cœur à ce juste châtiment ; ajoutant qu’elle avait essuyé les mêmes outrages que Lycas, et que nous l’avions aussi exposée à la risée publique par d’infâmes propos contre son honneur. Lycas, voyant que Tryphène le secondait dans ses projets de vengeance, donna de nouveaux ordres pour rendre notre torture encore plus cruelle : ce qu’Eumolpe ayant entendu, il s’efforça de le fléchir par ces paroles :


CHAPITRE CVII.

Ces infortunés, dont vous avez résolu la perte pour vous venger, implorent, ô Lycas ! votre pitié. Sachant que je ne vous étais pas inconnu, ils m’ont choisi pour leur avocat auprès de vous[1], et m’ont prié de les réconcilier avec d’anciens amis qui leur sont toujours chers. Vous croyez peut-être que c’est le hasard qui a conduit ces jeunes gens sur votre bord ; mais il n’est pas un seul passager qui ne s’informe avant toutes choses du nom de celui à qui il va confier son existence. Cette démarche spontanée doit vous satisfaire et fléchir votre courroux : laissez donc des hommes libres naviguer en paix vers leur destination. Le maître le plus cruel, le plus implacable, oublie son ressentiment, dès que le repentir amène à ses pieds son esclave fugitif. Comment ne pas pardonner à un ennemi qui se livre à