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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/232

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vers lui aucune espèce de poursuite pour ce motif, comme aussi à ne rien exiger de lui par force, ni caresses, ni baisers, ni faveurs plus tendres : le tout, sous peine de lui payer cent deniers comptants pour chaque contravention. De votre côté, Lycas, vous vous engagez volontairement à n’adresser à Encolpe aucune parole injurieuse, à ne pas lui faire mauvaise mine, à ne pas chercher à le surprendre dans son lit pendant la nuit ; ou, le cas échéant, à lui payer pour chaque violence deux cents deniers comptants.

Le traité étant ainsi conclu, nous mîmes bas les armes ; et, pour qu’aucun levain de haine ne fermentât dans les âmes après ce serment, pour ratifier l’oubli complet du passé, on se donna de part et d’autre le baiser de paix. Alors les haines se calment, et, à la demande générale, le champ de bataille se transforme en un banquet où la gaieté achève de concilier les esprits. Tout le vaisseau retentit de chants joyeux ; et comme un calme subit était venu suspendre notre navigation, les uns, armés de crocs, harponnent les poissons qui bondissent sur l’eau ; les autres, couvrant leurs hameçons d’un appât perfide, enlèvent leur proie, qui se débat en vain. Des oiseaux de mer étaient venus se percher sur nos antennes : un matelot les touche d’une claie de roseaux artistement préparée[1] : les malheureux volatiles, retenus par la glu, se laissent prendre à la main : l’air emporte leur léger duvet ; leurs plumes, plus pesantes, tombent dans la mer et roulent avec l’écume des