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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/24

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le consul avait-il besoin de ces détours ? et puisqu’il ne devait pas survivre à son ouvrage, pouvait-il craindre de faire briller aux yeux du tyran l’éclat terrible de la vérité nue ?

5° Favori de la fortune et du prince, le consul se vit combler de richesses et d’honneurs ; mais, parmi les anciens écrivains, nul n’a fait de notre Pétrone un magistrat romain, un second Lucullus, un courtisan de Néron, une victime de ses fureurs. Ce qui est bien plus décisif encore, c’est le silence absolu des auteurs jusqu’au troisième siècle. Martial, Suétone, Pline, Juvénal, Quintilien même, qui a parlé de presque tous ceux qui l’ont précédé, ne disent pas un mot du Satyricon, ni de Petronius Arbiter. Les premiers qui en aient fait mention sont Diomède, Priscien, Victorin, Macrobe et saint Jérôme.

6° L’autorité du poëte Terentianus Maurus ne prouve rien en fait d’époque, puisqu’on ignore quand il vécut lui-même.

7° Lactance-Placide [1] accuse T. Pétrone d’avoir dérobé au troisième livre de la Thébaïde cet hémistiche fameux que nous y lisons encore aujourd’hui :

Primus in orbe deos fecit timor.

Or, ce fut sous Trajan que mourut Stace : son prétendu plagiaire lui est nécessairement postérieur ; il n’est donc pas le Pétrone dont Tacite a parlé.

  1. Lactance-Placide, Comment. in Stacii Thebaïd. Il ne faut pas confondre, comme quelques-uns l’ont fait, ce grammairien avec Lactance le Philosophe : tous deux fleurirent sous Constantin.