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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/241

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foquer. Cependant, malgré ma tristesse, la chevelure blonde dont on m’avait paré prêtait sans doute de nouveaux charmes à mon visage ; car Lycas, dont l’amour pour moi s’était rallumé, me lançait des regards passionnés, et tâchait de partager avec moi les plaisirs que Tryphène goûtait avec Giton : il ne prenait pas le ton d’un maître qui ordonne, mais celui d’un amant qui implore une faveur. Il me pressa longtemps sans succès : enfin, se voyant rebuté, son amour se changea en fureur, et il voulait m’arracher de force ce que je refusais à ses prières ; quand Tryphène, entrant tout à coup au moment où il s’y attendait le moins, fut témoin de sa brutalité. A son aspect, il se trouble, se rajuste à la hâte et s’enfuit. Cet incident ranime les désirs de Tryphène : — Quel était, me dit-elle, le but des pétulantes attaques de Lycas ? — et elle me force à lui tout conter. Ce récit allume encore plus sa passion, et, se rappelant nos anciennes liaisons, elle veut m’exciter à prendre avec elle les mêmes libertés que par le passé. Mais, fatigué de ces plaisirs qu’on m’offrait contre mon gré, je repoussai dédaigneusement ses avances. Alors sa passion devient une frénésie : elle m’enlace dans ses bras, et me serre si fortement contre son sein, que la douleur m’arrache un cri. Une suivante accourt à ce bruit, et s’imaginant, avec vraisemblance, que je voulais ravir à sa maîtresse les faveurs que je lui refusais en réalité, elle s’élance sur nous et nous sépare. Tryphène, furieuse de mes refus et de n’avoir pu satisfaire sa lubricité, me charge d’injures, et sort en me menaçant d’aller trouver Lycas, pour