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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/252

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dace de ce valet, et, à chaque détonation, répondait, avec sa bouche, par un bruit semblable.


CHAPITRE CXVIII.

Mais Eumolpe, retombant alors dans sa manie ordinaire : — Combien de gens, ô mes jeunes amis ! nous dit-il, se sont laissé séduire par les attraits de la poésie ! A peine est-on parvenu à mettre un vers sur ses pieds, et à noyer quelques sentiments tendres dans un vain déluge de paroles, qu’on se croit au sommet de l’Hélicon. C’est ainsi que, souvent, rebuté, des fatigues du barreau, maint avocat cherche un asile dans le temple des Muses, comme dans un port plus tranquille et plus assuré : insensé ! il se figure qu’il est plus facile de bâtir un poëme que d’écrire un plaidoyer enluminé de petites sentences scintillantes ! Mais un esprit généreux ne se flatte pas ainsi : il sait que le génie ne peut ni concevoir ni enfanter une grande production, s’il n’a été d’abord fécondé par de longues études. Il faut surtout éviter toute expression basse et triviale, et n’employer que les termes les plus éloignés du langage de la populace : c’est le

_______Loin de moi, profane vulgaire !


d’Horace. En outre, il faut que les pensées saillantes ne soient point des hors-d’œuvre, mais qu’enchâssées dans le corps de l’ouvrage, elles y brillent comme formées d’un