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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/253

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même tissu. Homère et les lyriques grecs ; Virgile, l’honneur de la poésie romaine, et Horace, si heureux dans le choix de ses expressions, en sont la preuve. Les autres n’ont point vu la route qui conduit au Parnasse, ou, s’ils l’ont vue, ils ont craint de s’y engager. Quiconque, par exemple, entreprendra de traiter un sujet aussi important que celui de la guerre civile[1], succombera infailliblement sous le faix, s’il ne s’y est préparé par un grand fonds d’études. Il ne s’agit pas, en effet, de renfermer dans ses vers le récit exact des événements : c’est le, propre de l’histoire, qui y réussit beaucoup mieux ; mais il faut y arriver par de longs détours, par l’intervention des dieux ; il faut que le génie, toujours libre dans son essor, se précipite à travers le torrent des fictions de la fable ; en un mot, que son inspiration ressemble plutôt aux oracles de la Pythie s’agitant, dans son délire prophétique, sur son trépied, qu’à un récit fidèle, appuyé sur des témoignages incontestables. Voyez, par exemple, si cette ébauche, à laquelle je n’ai pas encore mis la dernière main, est de votre goût :


CHAPITRE CXIX.


LA GUERRE CIVILE, POÈME.

Rome au monde tremblant avait donné des fers[1] ;
Mais les trésors des rois, mais les tributs des mers