Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/254

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N’ont point assouvi Rome, et, de nouveau, les oncles
Ont gémi sous le poids de ses nefs vagabondes[2].
Tout sol où germe l’or éveille sa fureur :
Le butin, non la gloire, est le prix du vainqueur.
Plus d’attraits pour l’orgueil dans un éclat vulgaire[3] ;
Le soldat resplendit d’une pourpre étrangère ;
Sa tente est un palais où luit, au sein des camps,
Près du glaive étonné le feu des diamants ;
Où dort, sur le duvet, la valeur assoupie ;
Où, pour embaumer l’air, s’épuise l’Arabie[4].
La paix, comme la guerre, accuse nos excès.
Dans les forêts du Maure, achetés à grands frais,
Ses tigres, en grondant, accourent à nos fêtes,
Et dans des cages d’or, affrontant les tempêtes,
Vont boire, aux cris d’un peuple atroce en ses plaisirs,
Le sang humain coulant pour charmer nos loisirs[5].
O crime, avant-coureur de la chute de Rome[6] !
Dans l’homme en son printemps le fer détruisant l’homme
Veut fixer, mais en vain, de fugitifs appas :
La nature s’y cherche, et ne s’y trouve pas.
Brillant efféminé ! compose ton sourire ;
Livre tes longs cheveux aux baisers du zéphyre :