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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/255

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Adonis et Vénus, d’un impudique amour,
A tes autels douteux vont brûler tour à tour.
Hôte odorant des bois dont l’Atlas se couronne,
Le citronnier, pour nous, en tables se façonne ;
Et, sur ses veines d’or appelant l’œil surpris,
Du métal qu’il imite, il usurpe le prix[7].
Cornus, en ses festins, ne connaît plus d’entraves[8] ;
Le front paré de fleurs[9], environné d’esclaves,
Il parle ; et, moissonnée en cent climats divers,
La pompe d’un seul jour appauvrit l’univers[10].
Le scare aux larges flancs du fond des mers arrive[11] ;
L’huître, enfant du Lucrin, abandonne sa rive[12] :
Tes bords muets, ô Phase ! ont perdu leurs oiseaux,
Et le vent seul murmure à travers tes roseaux.
Entrons au Champ-de-Mars : l’or préside aux comices ;
L’or prête aux candidats des vertus ou des vices ;
D’un suffrage vénal l’or dispose en tyran ;
Le peuple et le sénat se vendent à l’encan.
Aux lieux même où du monde on voit siéger la reine,
Rampe aux pieds de Plutus la majesté romaine.
Là, Caton outragé brigue en vain les faisceaux[13] ;
Les faisceaux et l’opprobre attendent ses rivaux.