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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/257

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N’osant les rapprocher, disperse leurs tombeaux[1] :
Digne prix dont la gloire Honore ses héros !
Aux champs de Parthénope il est un vaste gouffre,
Impur amas de feux, de bitume et de soufre ;
Le Cocyte y bouillonne, et d’un fatal poison
La vapeur qu’il exhale infecte l’horizon.
Tout est morne à l’entour. Jamais Flore ou Pomone
N’y sourit au printemps, n’y fait mûrir l’automne ;
Jamais le doux zéphyr, agitant ses rameaux,
N’y mêla ses soupirs aux doux chants des oiseaux :
Le noir chaos y règne ; et les cyprès funèbres
Du sombre soupirail bordent seuls les ténèbres...
Les cheveux de fumée et de cendre couverts[2],
Par là Pluton, un jour, s’élance des enfers.
 — Des mortels et des dieux souveraine volage,
O Fortune ! dit-il, qu’un long bonheur outrage,
Toi pour qui l’inconstance a de constants attraits[3],
Rome triomphe donc ! Tremblante sous le faix,[4]
N’oses-tu de sa gloire ébranler l’édifice[5] ?
Oui, Rome doit à Rome un sanglant sacrifice.
Sous ses trésors, déjà, sa mollesse a fléchi.
Des dépouilles des rois vois son faste enrichi